absentéisme

Avec + 8 % d’augmentation entre 2017 et 2018, les entreprises sont confrontées à une hausse importante de l’absentéisme, qui représente un taux de 5,10 %, soit 18,6 jours d’absence par salarié en moyenne. Non seulement l’absentéisme impacte l’organisation et la performance des entreprises, mais son coût s’élèverait de surcroît à 108 milliards d’euros par an. Comment expliquer cette recrudescence ? Quelles sont les causes d’absences ? Qui sont les absentéistes ? Quelle part de responsabilité incombe aux managers ? Notre analyse.

Qui sont les absentéistes ?

Parmi les régions les plus touchées par l’absentéisme, la Corse reste en tête du classement avec 6,13 %, malgré une baisse de 12 points par rapport à 2017. Les Hauts-de-France arrivent en 2e position avec 5,93 %, soit une hausse de 27 points, suivis de la région PACA avec 5,87 % (+ 23 points).

Si tous les secteurs d’activité sont concernés par la hausse de l’absentéisme, le plus touché demeure la santé (5,62 %) en raison de contraintes physiques et psychiques, ainsi qu’organisationnelles. Le secteur des services est également impacté avec un taux de 5,26 %. En effet, l’éclatement des entreprises du secteur engendre des difficultés à mettre en place sur la durée une démarche de prévention.

Du côté du profil des absentéistes, les salariés les plus âgés sont les plus représentés avec 7,40 % chez les plus de 55 ans. De plus, la durée de l’absence augmente avec l’âge.

Cependant, la hausse des absences de plus de 90 jours est plus importante pour les salariés de 40 ans et moins (23 %) que pour les salariés de 41 ans et plus (9 %).

On trouve également plus d’absentéistes chez les femmes (5,73 %) que chez les hommes (3,83 %). Le statut fait aussi beaucoup la différence puisque l’on passe du simple au double, avec un taux de 3,10 % chez les cadres contre 6,21 % chez les non-cadres. Notons que seule cette dernière catégorie a connu une augmentation en 2018. Ainsi, il est possible de déduire, sans grande surprise, que la pénibilité du travail est en cause.

De manière très caricaturale, le portrait-robot du plus grand absentéiste en 2019 serait donc une femme de plus de 55 ans, travaillant en Corse, dans le secteur de la santé, sous un statut non-cadre.

Des causes multifactorielles

Cependant, caractériser précisément l’absentéisme s’avère compliqué car les causes des arrêts sont disparates, voire multifactorielles. De grandes tendances peuvent être dégagées, parmi lesquelles figure le vieillissement de la population active, qui est l’une des raisons de l’accroissement de l’absentéisme. De fait, la part des absents chez les plus de 55 ans augmente, de même que la durée des absences, avec des arrêts longs de plus de 90 jours.

Mais les salariés s’absentent également pour d’autres raisons que celles liées à leur état de santé : 16% des salariés déclarent avoir sollicité au moins un arrêt de travail pour des motifs autres que leur santé. Si les raisons de ces arrêts sont très diverses, les salariés interrogés invoquent des motifs d’ordre psychologique ou privé. Trois motifs apparaissent de manière distincte : une absence de motivation ou lassitude ou fatigue mentale liée au travail (21%), une situation liée à un proche – décès, enfant malade – (21%), une convenance personnelle (15%).

En outre, les principaux facteurs d’absence, excepté l’état de santé, sont successivement les accidents du travail, les maladies professionnelles et l’épuisement professionnel. Tous ont donc un lien avec le travail, ce qui fait de la prévention des risques une priorité stratégique et managériale.

Le rôle des managers

Les managers ont leur part de responsabilité tant dans l’origine de l’absence que dans la prévention de celle-ci.

En effet, un management inadapté peut engendrer de l’absentéisme. Manque de reconnaissance, autoritarisme, absence de communication, faible autonomie, surcharge de travail… peuvent provoquer un absentéisme dit « comportemental », qui commence par des absences courtes et répétées. Autre cas de figure, le vieillissement démographique peut être à l’origine d’absences plus longues si aucune mesure d’adaptation du poste de travail n’a été mise en œuvre et un désengagement du salarié si aucun contact n’est pris avec lui pendant la durée de son absence.

Beaucoup d’entreprises considèrent qu’elles ne peuvent pas agir sur les absences longues, dont l’origine est souvent la maladie. Or, la prévention des risques est essentielle avec, entre autres, l’adaptation du poste de travail, l’aménagement de parcours en fin de carrière, ou encore l’amélioration des conditions de travail. De plus, il existe de nombreux leviers en termes de management, tels que le mode participatif, le renforcement de la cohésion d’équipe, la conciliation des temps de vie professionnelle et personnelle, la reconnaissance… S’il est difficile de dessiner un portrait-robot de l’absentéiste, chaque entreprise ayant ses spécificités, la qualité de vie au travail s’avère un facteur déterminant pour les « présentéistes ».

Ainsi, pour diminuer l’absentéisme, il est nécessaire d’augmenter les actions préventives et de s’interroger sur les transformations à mettre en œuvre, tant sur le plan opérationnel que stratégique. Les DRH et les managers sont au cœur ces transformations.