Jeux vidéos et compétences

Selon une étude TNS Sofres, 71,2 % des Français jouent aux jeux vidéo. L’âge moyen du joueur est de 31,5 ans. Envolées donc les idées reçues sur les geeks qui passent des heures devant leur écran et n’ont plus de vie sociale ! De plus, les jeux vidéo, à condition de ne pas en abuser, font appel à un grand nombre de qualités personnelles ou soft skills, transférables dans le monde professionnel.

Le jeu : un révélateur de vos soft skills

Si à la base le jeu est perçu avant tout comme un moyen de se distraire et de se détendre, il mobilise également de nombreuses qualités chez le joueur, à commencer par la concentration. Des univers virtuels attrayants, des scénarios inventifs, des personnages auxquels on peut s’identifier, des défis à relever… les créateurs de jeux déploient des trésors d’attractivité qui conduisent parfois le joueur à rester des heures durant devant son écran. Ce n’est pas pour rien qu’on parle d’addiction. Le tout est d’en avoir conscience et de ne pas y consacrer sa vie. Car les jeux vidéo possèdent bien des avantages. D’une part, ils stimulent l’imagination en faisant entrer le joueur dans des univers nouveaux et en l’incitant, par l’observation et l’analyse, à résoudre des challenges. Et, plus il a l’habitude de jouer, plus il traite rapidement les informations. D’autre part, le joueur s’adonne à la compétition dans un contexte encadré limitant l’agressivité et qui apprend à gérer, à contrôler ses émotions et son stress.

Qualité d’écoute, esprit d’analyse, imagination, adaptabilité, persévérance… ne sont rien d’autres que des qualités personnelles stimulées, voire développées, par les jeux vidéo. Elles font également partie des compétences transversales recherchées en entreprise.

Des compétences transférables en entreprise

Il est en effet possible de trouver dans l’entreprise l’équivalent des compétences que vous mobilisez dans les jeux vidéo. Là où dans le jeu vous relevez fièrement un défi, n’en est-il pas de même en entreprise, lorsque vous parvenez à résoudre un problème ?

De même, quand vous jouez en équipe, cela développe votre sociabilité. Dans le monde professionnel, cela se traduit par des dispositions au travail en groupe. Cela est d’autant plus visible avec les jeux coopératifs où plusieurs personnes unissent leurs forces et leurs ressources pour combattre un « méchant ».

De plus, les jeux de gestion obligent le joueur à gérer un stock de ressources, d’énergie, de monnaie virtuelle, et de les utiliser à bon escient s’il veut remporter les challenges mis sur sa route et tenir jusqu’à la fin de la partie. Ils conduisent le joueur à mettre en place une véritable stratégie de progression, différente selon les individus. Si on transpose les bénéfices du jeu au monde professionnel, le salarié développerait donc des qualités d’analyse, une adaptabilité à des univers ou sujets inconnus, plus ou moins complexes, et serait plus à l’aise avec la prise de décision et la planification. En outre, du fait du droit à l’erreur et à la rejouabilité, certains joueurs osent prendre des risques, ce qui témoigne d’un esprit d’initiative appréciable selon le poste occupé dans l’entreprise. Au manager de cadrer précisément les objectifs et d’accompagner le salarié comme il l’entend.

Les vertus pédagogiques du serious game

Certaines entreprises essaient d’associer un côté ludique au caractère plus ou moins obligatoire des formations déployées. Ainsi, un célèbre constructeur de voitures a eu recours à un serious game pour former massivement ses vendeurs. En effet, le nombre de personnes à former étant trop important et dispatché sur différents sites, la marque a préféré innover avec un serious game comme outil d’apprentissage. Le jeu, découpé en séquences courtes, reproduit, avec une simulation de vente, différentes attitudes d’un client, la réaction possible du conseiller de vente, les erreurs éventuelles et les clés pour conclure une vente… Par rapport à une formation traditionnelle, il a l’avantage d’offrir la possibilité de rejouer plusieurs fois, la situation étant différente à chaque partie. Correctement séquencé, le jeu stimule la curiosité et donne envie d’apprendre, pas à pas. Ainsi, l’apprenant progresse à son rythme.

Les jeux de rôle, quant à eux, peuvent favoriser l’acquisition de compétences en leadership. Certains Serious Game sont utilisés aussi en formation, comme Les Nouvelles Aventures de Sindbad, qui prépare les managers à gérer les situations rencontrées au quotidien. D’autres jeux de type serious game sensibilisent aux risques professionnels dans l’entreprise ou encore à la prise en compte du handicap.

Ainsi, le serious game peut être utilisé en formation afin d’optimiser les compétences et, à plus long terme, la performance de l’entreprise.

Un outil pour les RH et la marque employeur

Les jeux vidéos possèdent également de sérieux atouts pour les DRH, notamment lors du processus de recrutement. En effet, ils sont utilisés par certains employeurs comme un outil complémentaire aux entretiens pour détecter le potentiel des candidats. Une entreprise propose par exemple un jeu en ligne qui plonge le candidat dans un monde à 360° dans lequel il devra résoudre certaines énigmes et surmonter des défis pour découvrir l’entreprise. Un autre employeur a recours à un escape game virtuel pour repérer les soft skills, grâce à la spontanéité des joueurs. Lorsque les résultats s’affichent, c’est l’occasion pour le recruteur d’échanger avec le candidat. Le jeu permet aussi de tester les capacités du candidat à prendre des décisions et d’évaluer les stratégies qu’il met en place.

Les RH les utilisent également pour favoriser l’intégration de leurs nouveaux embauchés. De grands comptes utilisent les jeux vidéo pour transmettre leurs valeurs de manière ludique aux salariés nouvellement recrutés. C’est un avantage de plus pour l’attractivité, puisque ces derniers en parleront autour d’eux, notamment sur les réseaux sociaux. Le jeu, en tant qu’outil de communication, remporte un certain succès auprès des juniors, et attire les candidats. Il véhicule en effet une image dynamique et moderne, accroît l’attractivité de l’entreprise et contribue au développement de la marque employeur.

En poussant plus loin la réflexion par analogie, le jeu récompense également le joueur, par un système de scoring, de bonus, de points de vie, de notoriété basée sur l’ancienneté ou la hiérarchie. Il reconnaît l’expérience et la performance, de manière graduelle. Ne pourrait-il pas constituer un certain modèle managérial ?